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PETIT DICTIONNAIRE DE SPELEOLOGIE ET KARSTOLOGIE

Vocabulaire Français et dialectal des cavités et phénomènes karstiques de Jean-Yves BIGOT

A


abaladé : v. avaloir. 

 

abannet : le terme abannet désigne un bois situé à proximité des fondris des Chiens (Nismes, Belgique), paléogouffres exploités comme minières à limonite ou comme sablières. En Belgique, le terme abannis (cf. abannir, abanir : vieux français : bannir, prohiber, défendre, proscrire) désigne des terres prohibées sur lesquelles il était défendu de faire paître les bestiaux à certaines époques. Au XVe s., le bois des Abannets - bos esbeneit - était interdit à la taille. Le toponyme abannets traduit une interdiction qui vise le bois et non les excavations (Polrot, 1966). Pour les karstologues, le terme abannet désigne des dépressions paléokarstiques fossilisées par des remplissages (sables, minerai de fer) anciennement exploités. Mais, on doit admettre que son intégration dans le vocabulaire scientifique, comme beaucoup d’autres mots, résulte d’une mauvaise lecture de la carte... Si on avait dû prendre le terme local pour désigner les dépressions ou paléogouffres, c’est plutôt fondri qu’il aurait fallu retenir et non abannet. 


abenc : v. aven. 


abîme : latin chrétien abyssus, altéré en abismus. Gouffre dont la profondeur est insondable (Le Petit Robert). abîme : s. m. : du grec a privatif et bussos, fond. Ce terme populaire, d'un emploi très général, s'applique en karstologie à des cavités profondes dont les parois sont abruptes et même en surplomb. Il est également employé pour désigner des sources vauclusiennes. Selon les régions, il subit diverses déformations : abisme (Alpes du Sud, Gascogne), abisse (Languedoc, Limousin) ; l'Abysse ou la Vise est une grosse résurgence dans l'étang de Thau (Fénelon, 1965). 


abîme : s. m. : trou profond, précipice et aussi source profonde – Yonne, Aunis, Saintonge, etc. (Pégorier, 1963). ébim : abîme – Doubs (Pégorier, 1963). bime : aphérèse d'abîme : nom de quelques sources profondes (Aube, Yonne) (Dauzat, Deslandes & Rostaing, Rivières et montagnes, 1982) : la bime des Enfants (Aix-en￾Othe – 10) : gouffre. De nombreuses sources portent ce nom : l'Abyme (Marsaneix – 24) : source. L'Abîme (Romilly-sur-Andelle – 27) : source captée. La source de l'Abysse (Ganges – 34). Le trou de l'Abîme (Saint-Claude – 39) : puits émissif. La source des Abîmes (Châteauvillain – 52) : résurgence. La source de l'Abîme (Giry – 58). L'Abîme (Flacé – 71) : nom du ruis. sortant de la grotte de la Grezière. Mais abîme peut aussi désigner une perte : L'Abîme (Cahaignes – 27) : perte du Rhein. L'Abîme (Fondremand – 70) : entonnoir-perte. Dans de rares cas, abîme peut désigner un regard sur un cours souterrain, mais le terme désigne d'abord la dépression. Le creux des Abîmes (Andelarre – 70) : doline-gouffre débouchant sur une petite rivière souterraine. L'Ambîme (Cervou – 58) : vaste entonnoir sur les flancs duquel un filet d'eau prend naissance avant de disparaître au fond de la dépression. L'abîme des Trois Fontaines (Chaumont – 58) : petite dépression en voie de comblement, au fond de laquelle grondait un ruis. sout. en période de hautes eaux. Bien évidemment abîme désigne un gouffre ou un trou profond, sans rapport avec l'idée de perte ou d'émergence de cours d'eau. Les exemples relevés comportent presque tous des redondances auxquelles le spéléologue n’est pas étranger, alors que ce mot et son article déterminant, repris par E.-A. Martel dans son ouvrage intitulé « Les Abîmes » (1894), aurait pu suffire à désigner le phénomène. Le barrenc des Abîmes (Salses – 66) : gouffre, au sens de trou profond (aérien). Le barrenc des Abyrmes (Feuilla – 11) : effondrement circulaire d'un plafond de grotte. L'aven de l'Abîme (Réauville – 26) : gouffre réputé profond, d'où son nom l'abîme – en fait 10 m de prof. – mais qualifié d'aven par l'explorateur R. de Joly. Le trou de l'Abîme(Ourches – 26) : gouffre réputé insondable : en fait d'une prof. de 20 m. L'abisme de Mouet (Espédaillac – 46) : = igue de Bar, gouffre s'ouvrant par trois orifices au fond d'une combe. Le creux de l'Abîme (Le Chenit – Cant. de Vaud) : gouffre. La baume de l'Abîme (Le Chenit – Cant. de Vaud) : = baume de la Rose, gouffre de 77 m de prof.. Ce terme, aujourd'hui un peu désuet, avait été remis au goût du jour par les auteurs du XIXe s. pour désigner un gouffre béant et profond : l'abîme de Bévy (21) : orifice révélé par une crue en 1830, l'abîme du Creux Percé (Pasques – 21) : terminologie redondante, ou encore l'entrée d'une grotte : l'abîme de Bramabiau(Saint-Sauveur-des-Pourcils – 30). La forme abîme est une forme demi-savante, car sa terminaison a été altérée sous l'influence des mots savants en -ismus (> isme). Les Abîmes (Chapareillan – 38) : lieu-dit, mais Abissu au XIVe s.. Cependant, on trouve également une forme abisse, attestée dans la toponymie régionale.

 

abis, abisce : n. m. : du latin ecclésiastique abyssus, abîme (Dict. de l'anc. fr. Moyen Age, Larousse). 


abissu : abîme, précipice – Corse (Pégorier, 1963). abis : s. m. : occ., gouffre impressionnant, immensité, multitude – latin abyssus (Brun, 1977). abis, abisse : s. m. : abîme – anc. fr. (Pégorier, 1963). Abisset (Oriol-en-Royans – 26) : lieu-dit près du scialet Bérard. Les Abissets (Saint-Jean-en-Royans – 26) : nom d'une ferme. 


abounilh : entonnoir – Gascogne (Pégorier, 1963). 


adous : v. doue. 


adugeoir : v. doue. 


afont : v. font, fous. 


afous : excavation, gouffre, trou profond creusé par les inondations – Provence (Pégorier, 1963). afous : s. m. : prov., gouffre où vont se perdre les eaux (Coupier, 1998). La Foux (Saint-Cirgue – 81) : au confluent du ruis. de la Foux et du Tarn : la vallée de la Foux est un étroit ravin. afous : s. m. : occ., « excavation, trou profond creusé par les inondations, gouffre », le même mot que fouse : s. m. : occ., « abîme, gouffre, fondrière ». L'afous a été compris la Foux (Nègre, 1991a). afouis : excavation – Ariège (Pégorier, 1963). afoux : v. font, fous. 

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